lundi 4 octobre 2010

Cette question en est suivie d’une seconde :

« Les chrétiens des origines prient-ils également pour

la pluie ? »

Réponse :

Concernant la première question, on peut dire que

dans le paganisme, c’est-à-dire dans le polythéïsme,

tous les phénomènes naturels ont également une dimension

« surnaturelle ». Ils sont la traduction matérielle

d’une manifestation divine, ce qui est vrai également pour

la pluie.

Ainsi, chez les Germains, c’est le dieu Donar qui régit

la pluie, alors que chez les Egyptiens c’est le dieu

Sed qui deviendra plus tard le dieu Bal. Chez les Grecs,

c’est Zeus qui remplit cette fonction alors que chez les

Mésopotamiens, ce sont les dieux Anu et Enlil.

Ainsi, pour agir sur le temps – obtenir la pluie ou au

contraire la faire cesser, en cas d’inondation – il est nécessaire

de mettre fin au désordre ayant suscité le courroux

du dieu concerné, le phénomène météorologique

n’étant finalement que l’expression de celui-ci. Dans la

plupart des cas, pour ramener la divinité à de meilleurs

sentiments et implorer sa bienveillance, on procède à

des offrandes sensées lui être agréables. Adresser des

prières à Dieu pour qu’il déclenche la pluie, comme dans

l’exemple de notre auditeur, c’est le considérer ni plus

ni moins comme une divinité païenne.

124

Dans la plupart des traditions païennes, un être élu

est sensé incarner le lien entre Dieu et son peuple, être

son représentant sur Terre, comme c’était le cas par

exemple des pharaons égyptiens. Dans le catholicisme,

c’est le pape qui est investi de cette fonction. Cela lui

octroie des pouvoirs gigantesques, quasi-surnaturels

puisque dans une « Bulle sur l’union avec les grecs», il

est dit : « Le Saint-Siège apostolique et le pontife romain

détiennent le primat sur tout l’univers »*. On peut

également rappeler ici les paroles prononcées lors du

rituel de couronnement du Pape : « Sache que tu es le

père de tous les princes et de tous les rois, le dirigeant

du globe terrestre. »

Vers où ce soi-disant dirigeant du globe terrestre

dirige-t-il la Terre ? Où conduit-il le monde ? Est-ce lui

qui commande aux épidémies et aux catastrophes naturelles

? Est-il le dirigeant de tout le malheur qui s’abat sur

les hommes, la nature et les animaux ?

Pourtant, il est vénéré comme un saint. Il devrait donc

avoir tout pouvoir sur la pluie, les raz-de-marées, les

maladies, les tremblements de terre et les tsunamis. Il

devrait être capable d’agir sur les éléments.

Cela devrait être facile pour lui en tant que représentant

de Dieu sur Terre, comme il se fait appeler et véné-

* « Bulle sur l’union avec les grecs ‘Laetentur caeli’ - Décret

pour les grecs du 6 juillet 1439

125

rer. Cependant, si les effets liés à sa fonction de représentant

de Dieu sur Terre sont ceux que nous venons

de décrire, il n’y a que deux conclusions à en tirer : soit

il usurpe le titre de représentant de Dieu et ne dispose

en rien du pouvoir d’influencer le cours des choses –

n’étant même pas capable de guérir sa propre maladie

– soit il influence bel et bien les événements qui surviennent

sur la Terre et dans ce cas, il n’est en aucun

cas le représentant du Dieu de l’amour mais au contraire

celui du dieu des ténèbres.

D’où le titre de cette série : Qui se cache derrière le

Saint-Siège ?

Dans la Bible, il est écrit : « Soumettez-vous la

Terre ! » (Gn 1, 28). Qu’est ce que cela signifie ? Si le

pape dirigeait vraiment le cours de la Terre, il devrait en

être le maître et disposer du pouvoir sur les éléments.

Pour sa part, Jésus disposait de pouvoirs sur les

éléments. Le Nouveau Testament (Mt 8, 24), fait le récit

d’une tempête sur le lac de Tibériade survenue alors

que Jésus et les apôtres se trouvaient dans une barque.

Alors que ces derniers prennent peur, Jésus affronte la

tempête et dirige les vents. Il en était donc capable ce

qui n’est pas le cas pour celui qui se prétend le représentant

de Dieu sur Terre.

Le seul domaine dans lequel les papes successifs

ont su manifester une grande influence, c’est celui de la

126

destruction. Comme nous l’avons montré au cours des

trois premiers chapitres de ce livre et continuerons à le

faire, ils se sont en effet montrés fort prodigues en meurtres

et assassinats, en exploitation de l’homme et de la

nature, en calomnie et en diffamation, en destruction,

etc… Sous leur égide, l’expression « Soumettez-vous la

Terre » est devenue « Détruisez la Terre. »

La seconde question de notre auditeur a trait au comportement

des chrétiens des origines face aux éléments

naturels ?

Les chrétiens des origines ne prient pas pour la pluie.

Dieu nous a donné une planète merveilleuse et notre

tâche est de vivre en harmonie avec la nature et le monde

animal. Si l’expression ‘Soumettez-vous la Terre’ avait

été bine comprise, notre planète serait encore magnifique

car les hommes auraient vécu en unité avec la nature

et le monde animal. nous pouvons tous malheureusement

conatster que ce n’est pas le cas. Les hommes

détruisent toujours plus leur environnement, ce qui conduit

à des transformations climatiques non sans conséquences.

Tout cela n’est en aucun cas la faute de dieu.

C’est nous, les hommes, qui en sommes les auteurs.

Dans leurs prières, les chrétiens des origines s’en remettent

totalement à la seule volonté de Dieu tout en

sachant qu’il leur est également commandé d’accom127

plir celle-ci en actes, de façon quotidienne. Ainsi, ils pratiquent

la foi active, la foi de tous les instants. Ils savent

que la prière correcte doit être alimentée par l’énergie

d’action mise en oeuvre à chaque instant pour atteindre

le but légitime exprimé dans la prière.

Ainsi, celui qui prie pour la nature devrait également

s’efforcer de lui exprimer reconnaissance et remerciement

pour ses dons inestimables mais aussi la respecter

et la chérir comme une partie de lui-même. Celui qui

agit de la sorte acquiert progressivement la perception

fine des mouvements et des rythmes de la nature dont

il ressent les besoins, les désordres que l’homme y a

introduits et met tout en oeuvre pour y remédier.

Nous n’avons nul besoin d’Eglise catholique

ou d’Eglise protestante mais de Jésus, le

Christ. L’Esprit puissant de l’Amour habite en

chacun de nous

Jésus, le Christ, a résumé son enseignement en une

formule très simple : « Ce tu veux que l’on te fasse, faisle

tout d’abord à autrui. » (Mt 7,12). Cette phrase a été

qualifiée de règle d’or. Exprimée autrement elle signifie

aussi : Ce que tu ne veux pas que l’on te fasse, ne le fais

pas à autrui. Si les hommes respectaient ces règles d’une

évidence enfantine, nous n’aurions nul besoin d’institutions

religieuses comme l’Eglise catholique d’inspiration

128

païenne ou l’Eglise luthérienne qui en est le rejeton. Nous

serions alors orientés sur le Christ en nous et saurions

nous adresser à lui quel que soit le lieu où nous nous

trouvons, pour nous unir à Dieu notre Père.

Car Dieu est l’Esprit de l’Amour.

Il est l’Esprit de la Paix, l’Esprit de l’Unité.

Le puissant Esprit de l’Amour habite en chaque

homme et chaque femme, et chacun d’entre nous est le

temple de l’Esprit éternel, l’Esprit de notre Père éternel.

Nul besoin de pompe et de décorum, il suffit d’un endroit

simple et silencieux pour trouver le calme et s’intérioriser

en prière. Celui ou celle qui s’y essaie d’un coeur

sincère ressentira peu à peu le besoin de progresser

dans l’accomplissement des Commandements de Dieu

et de l’enseignement de Jésus, le Christ. Il ou elle se

transformera alors de manière positive, en direction du

bien, de sorte que l’Esprit de notre Père pourra agir à

travers cette personne.

C’est en cela que consiste l’enseignement du christianisme

des origines.

129

Les chrétiens des origines étaient les

successeurs de Jésus, le Christ.

Son enseignement simple était partie

intégrante de leur vie

Ceux que l’histoire connaît sous le nom de ‘chrétiens

des origines’ sont les tous premiers successeurs de

Jésus de Nazareth.

Les communautés chrétiennes primitives ont

été constituées autour de ceux que Jésus

avait regroupés autour de Lui et qui ont

essaimé à sa mort.

Il est tout à fait correct de parler de communautés

dans le sens où les hommes et les femmes qui ont rejoint

ces groupes ont immédiatement développé des

modes de vie communautaire centrés sur la mise en

pratique des enseignements de Jésus. Ces ‘communautés’

ou ‘communes’ étaient parfaitement démocratiques

et dépourvues de hiérarchie cléricale, personne

ne détenant le droit ou le privilège d’énoncer la vérité.

Ces communes étaient indépendantes et on y procédait

au partage et à la mise en commun (d’où leur nom) des

biens et des richesses.

Dans le Nouveau Testament (Ac 4, 32), on peut lire :

La multitude des croyants n’avait qu’un coeur et qu’une

130

âme. Nul ne disait sien ce qui lui appartenait, mais entre

eux, tout était commun.’

Il s’agit d’une simple phrase, mais elle exprime très

bien dans quel esprit vivaient les chrétiens des origines.

Au sein de ces Communes, tous étaient égaux, les femmes

également, ce qui pour l’époque était naturellement

tout à fait révolutionnaire et l’est d’ailleurs encore aujourd’hui

sous bien des aspects quand on pense à la place

que l’Eglise catholique accorde aux femmes aujourd’hui

encore. De plus, chacun y vivait du travail de ses mains.

Il s’agissait donc de communautés de vie et de travail.

Ce qui était produit servait à entretenir la communauté,

à son bien-être, mais aussi à secourir les nécessiteux.

On peut donc dire que les chrétiens des origines se

comportèrent en véritables successeurs de Jésus de

Nazareth puisqu’ils incluaient dans leurs pensées et donc

dans leur vie ce que celui-ci avait enseigné.

Bien sûr, ils étaient loin d’être parfaits, mais en tout

cas ils s’efforçaient de vivre au quotidien les enseignements

et les aspects de la Loi que Jésus avait révélés

sans les qualifier d’utopiques et d’irréalistes. Ils ne pratiquaient

pas un repas de la Cène rituel mais prenaient

leurs repas en commun et c’était pour eux une occasion

de s’unir intérieurement, en Esprit, avec Jésus de Nazareth.

Dans la nourriture ils voyaient l’Esprit de Dieu et ils

respectaient la vie en toutes choses et sous toutes ses

formes. Contrairement à ce que certains pourraient

131

croire, les premiers chrétiens ne pratiquaient pas non

plus de baptême rituel par l’eau que Jésus n’a d’ailleurs

jamais préconisé. Ils se contentaient d’accueillir avec

le coeur ceux et celles qui choisissaient de rejoindre la

communauté. En définitive, tout y était beaucoup plus

simple et génial que ce que l’Eglise en a fait plus tard.

Comment les premiers chrétiens se comportaientils

envers la Mère-Terre et envers les animaux ?

Nous avons la certitude, car cela figure dans des

témoignages d’époque, que Jacques, le frère de Jésus,

qui fut le 1er dirigeant de la Commune des origines de

Jérusalem, était végétarien. Les historiens ont exhumé

de nombreuses correspondances échangées entre

communautés et celles-ci témoignent que la plupart des

premiers chrétiens étaient végétariens, seules quelques

communautés ne l’étaient pas. Voyons par exemple ce

que Minutiox Felix écrit à Octavius avec qui il entretenait

une correspondance. Nous citons : ’Nous craignons

tellement de faire couler le sang humain que nous ne servons

même pas à notre table de viande animale.*

Cela témoigne que pour les chrétiens des origines,

le 5ème Commandement ‘Tu ne tueras point’ ne s’applique

pas seulement aux hommes mais également aux

animaux.’ L’écrivain et historien allemand Karlheinz

* (Ebehrard Arnold / Am Anfang war die Liebe. Dokumente,

Briefe und Texte der Urchristen. Au commencement était

l’amour. Documents, lettres et textes p. 107)

132

Deschner le confirme à la page 278 de son livre «Abermals

krähte der Hahn» : « Chez les ébionites, les successeurs

des Communes des origines qui furent eux

aussi rapidement accusés d’hérésie, on ne croyait pas

non plus au sacrifice expiatoire de Jésus, et le pain et le

sel constituaient les éléments du repas de la cène, ce

qui est également considéré comme la plus ancienne

forme de l’eucharistie. »* (il s’agit de notre propre traduction,

ce livre n’étant pas disponible en français)

Un autre texte fait référence à Jacques, le frère de

Jésus dont il était question plus haut. Voilà ce qu’on y

dit de lui : ‘Il ne buvait ni vin, ni spiritueux. Il ne mangeait

pas non plus de viande’ (Carsten Strehlow / Végétarisme,

végétalisme sont partie intégrante du christianisme).

Et, dans ce livre, il est dit également que Jaques « …ne

portait jamais d’habits en laine, mais en lin, et ne chaussait

jamais de sandales de cuir ». Pour quelle raison et

pourquoi celui qui rapporte ces faits en fut-il à ce point

marqué, si ce n’était par conviction et, en l’occurrence,

par souci d’épargner la vie des animaux ?

Peu de gens le savent, le Nouveau Testament résulte

d’un choix humain totalement arbitraire. Lors de sa conception,

4 textes ou évangiles ont été retenus, parmi

* «Abermals krähte der Hahn» (titre que l’on pourrait traduire

par : «A nouveau le coq chanta»). Non disponible en français

133

beaucoup d’autres qui furent écartés, pour des raisons

que l’on pourrait qualifier aujourd’hui de purement idéologiques.

Et comme par hasard, dans les textes mis à

l’index et connus de nous sous le terme d’apocryphes,

les apôtres apparaissent comme étant végétariens, non

par conformisme rituel mais par conviction profonde, par

respect pour la vie. Voilà ce qu’on peut lire dans l’un de

ces documents à propos de Pierre : ‘Je vis de pain et

d’olives auxquels j’ajoute très occasionnellement des

légumes’* ou à propos de Matthieu ‘Matthieu mangeait

des grains, des noix et des légumes, et s’abstenait de

toute chair’**. Quant à Jean, voilà ce qu’on nous dit à

son propos : ‘Jean n’a jamais consommé de viande.’***

Les pères de l’Eglise eux-mêmes témoignent du fait

que les 1er chrétiens étaient végétariens. Ainsi, Jean

Chrysostome (345-407) considérait l’alimentation carnée

comme une coutume cruelle et contre nature pour les

chrétiens. Il disait : « Nous imitons les moeurs des loups,

des léopards, ou plutôt nous faisons pire qu’eux. La

nature les a faits pour qu’ils se nourrissent ainsi, mais

* Les homélies Clémentines XII, 6

** Clément d’Alexandrie, Paedagogus II, 1, 16. Clément

d’Alexandrie qui a dit lui même : Il vaut mieux être heureux

que de rendre nos corps pareils à des tombes pour les

animaux...

*** Eusèbe de Césarée, “Histoire de l’Eglise” ou “Histoire

ecclésiastique”

134

Dieu nous a dotés de la parole et du sentiment de l’équité,

et nous voilà devenus pires que les bêtes sauvages.» et

aussi : «Nous, les dirigeants chrétiens, pratiquons l’abstinence

de la chair animale.»

Par ailleurs, nous savons qu’il n’était pas possible à

un chasseur d’intégrer une Commune des origines tant

qu’il n’avait pas renoncé à cette activité et que cela était

également valable pour les soldats car le fait de tuer un

homme ou un animal est contraire aux Lois de Dieu.

Au sein de ces Communes, chacun vivait du travail

de ses mains, personne ne se comportait en oisif. Voici

une citation extraite du livre d’Eberhard Arnold, déjà cité,

intitulé ‘Ordre de la Commune’ : « Si l’un d’entre vous

n’exerce pas de profession, alors mettez tout en oeuvre,

selon votre entendement, pour qu’il ne reste pas inactif.

Et si ce dernier se refuse à changer, c’est qu’il poursuit

d’autres buts en rejoignant la Commune, alors méfiezvous

de lui. » A la lecture de ce passage on comprend

qu’il n’y avait pas de place pour les prêtres dans les

Communes des origines.

En fait, ce sont toutes les professions dont l’exercice

plaçait celui qui l’exerçait en contradiction avec l’enseignement

chrétien qui n’étaient pas admises dans les

Communes du christianisme des origines. Voilà ce qu’indique

l’Ordre de la Commune d’une communauté des

premiers temps du christianisme (voir plus haut, Eberhard

Arnold) : « Les activités professionnelles ou com135

merciales de ceux qui souhaitent intégrer la communauté

doivent être examinées attentivement. Un peintre ou un

sculpteur ne pourra être accepté au sein de la Communauté

que s’il renonce à reproduire des idoles. Tous ceux

qui participent aux jeux du cirque : conducteurs de chars,

lutteurs – qu’ils soient opposés à d’autres lutteurs ou à des

animaux – et leurs entraîneurs, fonctionnaires de l’empire

impliqués dans l’organisation ou le déroulement de ces

jeux, devront renoncer à cette activité sous peine de ne

pas être acceptés dans la Commune. Les prêtres ou les

maîtres de cérémonies idolâtres et païennes devront également

changer d’activité ainsi que les militaires et tous

ceux qui, par leur activité, sont en situation de donner la

mort. Tout gouverneur de province ou tout administrateur

d’une cité revêtu des marques de dignité de couleur

pourpre et détenteur du glaive de la justice, devra quitter

ces fonctions s’il souhaite intégrer la Commune. »

A ces mots, on constate que les premiers chrétiens

prenaient les Commandements divins très au sérieux et

que, s’ils voyaient une contradiction entre l’enseignement

divin et les activités d’une personne, celle-ci ne pouvait

en aucun cas intégrer la Commune, à moins qu’elle ne

renonce à ses activités et donc se mette en conformité

avec les enseignements.

Cela veut donc dire qu’ils s’efforçaient de mettre en

pratique les Commandements de Dieu contrairement à

ceux qui nous enseignent que cela relèverait de l’utopie.

136

Tâches charismatiques au sein des Communes

des origines : Prophètes, instructeurs,

guérisseurs. Ils vivaient eux-mêmes ce

qu’ils enseignaient aux autres

Dans la mesure où il n’existait aucune forme institutionnelle

ou hiérarchique au sein de ces assemblées,

dans la mesure aussi où il n’y avait pas d’intermédiaire

entre eux et le divin, c’est-à-dire pas de prêtres, quelles

relations les chrétiens des origines entretenaient-ils avec

le monde divin et comment s’y prenaient-ils ?

Cela nous est très bien expliqué dans la 2ème épitre

de Pierre (1, 19): « Nous avons aussi la parole plus ferme

des prophètes à laquelle vous faites bien d’être attentifs,

comme à une chandelle qui a éclairé dans un lieu

obscur, jusqu’à ce que le jour ait commencé à luire et

que l’étoile du matin se soit levée dans vos coeurs. »

Ce passage témoigne que la parole prophétique se

manifestait de façon courante chez les premiers chrétiens,

ce qui veut dire que Dieu s’adressait à eux et à

tous ceux qui voulaient bien l’entendre à travers des

hommes et des femmes illuminés, tout comme Il s’était

adressé aux Israélites à travers les grands prophètes

que l’Ancien Testament nous donne à connaître.

On retrouve également cet aspect dans la 1ère lettre

aux Corinthiens (1 Co 12, 28), où on peut lire : « Et Dieu

a placé dans l’Eglise, premièrement des apôtres, deuxiè137

mement des prophètes, troisièmement des enseignants,

ensuite il donna la force de faire des miracles, puis les

dons de guérir les maladies, de secourir et de diriger. »

Au travers de tels témoignages, nous apprenons donc

qu’au sein des premières Communes il existait non seulement

des prophètes, mais aussi des enseignants ayant

pour tâche de communiquer aux autres ce que Jésus

avait enseigné, ainsi que des guérisseurs. Ce ne sont

pas ces derniers qui guérissaient mais la force de Dieu

agissant à travers eux par la prière et par la foi.

Au sein de la Communauté, ces tâches n’étaient réparties

ni de façon autoritaire, ni de façon arbitraire, mais

leur attribution était fondée sur le charisme et le rayonnement

des personnes concernées, mesurés à leur mise

en pratique des enseignements de Jésus et donc à ce

qui s’exprimait dans leur vie à travers leur comportement

quotidien. Ainsi, quelqu’un qui ne se montrait pas

spirituellement à la hauteur d’une tâche ne pouvait pas

en obtenir la charge et s’il en disposait déjà, il pouvait la

perdre.

138

Les ‘administrateurs’ et ‘gardiens’ des

Communes, aux tâches plus matérielles,

s’octroyèrent toujours plus de pouvoir

et devinrent les évêques et les prêtres

Aux côtés de ces personnes qui dirigeaient et guidaient

spirituellement la Commune, il existait également

des tâches en rapport avec la vie matérielle de la communauté.

Les administrateurs chargés de gérer les

réserves et les biens de la Commune et qui avaient également

la tâche de gardien étaient appelés ‘Espiskopoi’

ce qui signifie gardien en grec. C’est ce mot qui, plus

tard donnera naissance au terme d’‘évêque’. Dans ces

communautés, il existait aussi des ‘anciens’, les ‘Presbitoroi’

dont le nom est à l’origine du mot ‘prêtre’. Par la

suite, prêtres et évêques ont finalement pris le pouvoir

au sein de ces communautés alors qu’à l’origine leurs

tâches étaient beaucoup moins importantes pour la

bonne conduite du groupe que celles dont nous avons

parlé plus haut. Ainsi, peu à peu les prêtres et les évêques

ont délogé les prophètes et les enseignants spirituels

qui dirigeaient les Communes dans le sens de

l’Esprit. Comme le coucou, ils se sont appropriés le nid

d’autrui et ont jeté bas les oeufs qui ne leur convenaient

pas. De la sorte, le but spirituel a été supplanté par des

impératifs matériels.

Quand et comment ce passage s’est-il opéré ?

139

En 117, Ignace d’Antioche, un des Pères de l’Eglise

écrit ce qui suit aux chrétiens de Smyrne : « Suivez tous

l’évêque comme Jésus-Christ suivait son Père et le presbyterium

comme les apôtres, quant aux diacres, vénérezles

comme la loi de Dieu. Que personne ne fasse en

dehors de l’évêque rien de ce qui regarde l’Eglise. Que

cette eucharistie seule soit regardée comme légitime qui

se fait sous la présidence de l’évêque ou de celui qu’il en

aura chargé. Là où paraît l’évêque, que là soit la communauté,

de même que là où est le Christ Jésus, là est l’Eglise

catholique. Il n’est permis, en dehors de l’évêque ni de

baptiser, ni de faire l’agape, mais tout ce qu’il approuve

est également agréable à Dieu.» et s’adressant aux chrétiens

de Tralles, il ajoute : « Vous devez tous révérer les

diacres comme Jésus-Christ Lui-même, l’évêque comme

l’image du Père, les presbytres comme le séant de Dieu

et le collège des apôtres. »

En fait, la fonction d’évêque c’est-à-dire de gardien,

n’est pas apparue qu’au sein des premières Communes

chrétiennes, celles-ci n’ont fait en réalité que reproduire

ce qui existait déjà dans le cadre des cultes païens de

l’époque.

Dans un des livres de Karlheinz Deschner*, célèbre

historien allemand spécialiste de l’histoire de l’Eglise et

mondialement renommé pour la qualité de son travail,

* Abermals krähte der Hahn, p.226

140

on peut lire ce qui suit : « Chez Homère, Achille, Sophocle

et Pindare, les évêques étaient les dieux qui surveillaient

les bonnes et les mauvaises actions des hommes.

Platon et Plutarque utilisaient ce terme également dans

le sens d’éducateur. Mais il était aussi utilisé par certains

philosophes du courant cynique. Cependant, dès le 2ème

siècle avant Jésus-Christ, il existait des fonctionnaires

du culte appelés ‘évêques’. Selon le théologien Schneider,

l’évêque chrétien ne se différencie de son homologue

païen que par le pouvoir dictatorial qu’il exerce. »

Ainsi, l’évêque chrétien se situe dans la continuité

de l’évêque païen, à cette différence près qu’il exerce

un pouvoir beaucoup plus puissant, quasi dictatorial. En

réalité, c’est toute la structure hiérarchique de l’Eglise

qui est calquée sur le modèle païen.

A une époque marquée par le culte de multiples

divinités, le christianisme des origines fut,

petit à petit, gangrené par des éléments

de ces cultes d’origine païenne

Ainsi, le pape, le ‘papa’ italien mot formé de l’abréviation

Pater Patrum – le père des pères – a pour modèle

le chef suprême du culte de Mithra. Dans la religion de

Mithra, au sommet de la hiérarchie, il y avait les Pères

dont le rôle ressemblait à celui des évêques chrétiens

et le Père des Pères, comparable à notre pape.

141

Saint Augustin rapporte qu’il fut frappé, lors d’un

échange avec un de ces Pères des Pères qu’il avait

rencontré, de l’entendre dire qu’ils servaient tous deux

le même Dieu.

On le constate à cette anecdote, les contacts et les

échanges entre chrétiens et fidèles du culte de Mithra,

et d’autres cultes païens, étaient alors nombreux.

Le christianisme des origines évoluait donc dans un

environnement faisant la part belle aux pratiques et coutumes

païennes.

Le rôle essentiel de Paul dans le détournement

de l’enseignement de Jésus de Nazareth

A ce point, il convient de se pencher sur le rôle essentiel

que Paul a joué dans ce processus.

Paul de Tarse, juif orthodoxe qui n’avait jamais connu

Jésus, fit preuve d’un zèle profond pour sa religion (le

judaïsme, de la secte des pharisiens). Il rejoignit les rangs

des persécuteurs des premiers disciples du Christ, participant

à cette période à la lapidation d’Etienne. Il était

également fortement imprégné de culture romaine, revendiquant

sa double appartenance juive et romaine,

dont il se vante à plusieurs reprises.

Ses contacts avec les autorités romaines sont

troublants et font l’objet d’interrogations : pourquoi un

142

petit missionnaire, comme il se décrit parfois, aurait-il

droit à une escorte de 70 cavaliers et 200 gardes pour

son transfert de Jérusalem à Césarée. On évoque aussi

de nombreux entretiens entre Paul et Félix, entre Paul

et Festus et même une entrevue entre Paul et le roi

Aggripa. Il semblerait donc que Paul soit investi d’un

pouvoir politique plus grand qu’il ne semble l’admettre,

que ce soit par modestie ou non.

Quoiqu’il en soit, après sa conversion, c’est avec la

même ardeur qu’il sert la cause dont il se sent désormais

le dépositaire et surtout la conception qu’il en a,

s’opposant par là-même à d’autres courants du christianisme.

A ce propos, plusieurs historiens ont remis en cause

la véracité de l’épisode survenu sur le chemin de Damas

et ayant conduit à sa conversion et à son baptême.

Cet épisode aurait été inventé de toute pièce par

Saul dans le but de crédibiliser son action. En effet, désormais

il se présente lui-même comme un apôtre du

Christ, et même comme le bénéficiaire de la dernière

apparition de Jésus.

Pour simplifier, on oppose généralement la vision universelle

du christianisme de Paul à la version strictement

judaïque des autres successeurs de Jésus. De fait, cette

opposition en recouvre bien d’autres.

Paul présente la résurrection de Jésus comme une

promesse pour tous les hommes, n’évoquant que le

143

Jésus crucifié et ressuscité. Selon son interprétation,

Jésus étant venu sur Terre pour apporter le salut aux

hommes, celui-ci ne dépend plus des oeuvres de

l’homme mais de sa seule foi en Jésus. Chez Paul apparaissent

les concepts de rédemption, de justification, de

conscience, de liberté, que l’on ne trouve pas dans les

Evangiles, écrits postérieurement.

Ainsi, beaucoup considèrent que Paul a considérablement

théologisé le message du Christ et les différences

entre le Fils de Dieu dont il parle et le Jésus des

Evangiles sont parfois jugées considérables.

C’est pourquoi Alfred Loisy a pu dire « Le Jésus auquel

Paul s’est converti n’est pas le prédicateur du Règne de

Dieu. »

En plus de ses conceptions en matière de doctrine,

Paul a également introduit dans le christianisme des

aspects plus en rapport avec sa personnalité telle que

la notion d’autorité. On a souvent mis en avant son

caractère impétueux et la rudesse de sa nature, jetant

l’anathème contre les ennemis de sa foi, aveuglant,

abattant ceux qui lui résistaient. Sa vision de la femme

et de la place qu’il convient de lui accorder dans la communauté

sont malheureusement toujours d’actualité au

sein de l’Eglise, contrairement à ce qui se passait chez

les premiers chrétiens puisqu’on y comptait beaucoup

de femmes prophètes. On devrait également toujours

144

se souvenir que Jésus était entouré de nombreuses

femmes qui ont joué un rôle très important auprès de

lui.

S’il n’a pas lui-même rédigé directement un Evangile,

Paul a malgré tout joué un très grand rôle dans leur

élaboration. Ainsi, dans sa 2ème lettre à Timothée (2 Tm

4,13) il écrit : « Hâte-toi de venir me rejoindre au plus

vite… Luc seul est avec moi… Prends Marc et amènele

avec toi car il m’est utile pour le ministère… Quand tu

viendras, apporte les livres et surtout les parchemins. »

Comme on vient de le voir, ce passage nous apprend

que Paul avait des contacts très étroits aussi bien avec

Luc qu’avec Marc qui rédigèrent chacun un Evangile.

Quelle fut son influence sur eux ?

Un document bien connu des spécialistes de la Bible

apporte un élément de réponse à cette question. Il s’agit

du Canon Muratori, du nom de celui qui l’a découvert au

XVIIIème siècle. Ce document expose une liste des textes

canoniques du Nouveau Testament, retrouvée à

Milan dans un manuscrit latin du VIIIème siècle. Selon

les spécialistes, cette liste daterait du 2ème siècle, ce qui

en ferait un des documents anciens les plus fiables de

l’histoire du christianisme. On peut y trouver des informations

de première main sur la rédaction des évangiles

et du Nouveau Testament :

145

« Troisième livre de l’Evangile selon Luc. Ce Luc était

médecin. Après l’ascension du Christ, Paul l’ayant pris

pour second à cause de sa connaissance du droit, il

écrivit avec son assentiment ce qu’il jugeait bon.

Cependant, lui non plus n’avait pas vu lui-même le Seigneur

dans la chair. Et par conséquent, selon ce qu’il

avait pu s’informer, il commença à le dire à partir de la

nativité de Jean. »

Ainsi, ce document datant du 2ème siècle, rédigé en

grec à l’origine et reproduit par le Canon Muratori, nous

apprend que ni Paul, ni Luc n’ont connu le Seigneur.

Pourtant, sous l’influence et les conseils de Paul, Luc

entreprend de rédiger un Evangile. Qui peut croire alors

que Paul n’ait introduit ses propres conceptions dans

cet Evangile soit directement, soit à travers l’influence

exercée sur Luc ?

Mais comment Paul a-t-il été amené à croire qu’il était

investi de la mission de régenter la vie et l’organisation

du christianisme naissant ?

Il est certain qu’il éprouvait une certaine fascination,

voire de l’admiration pour les chrétiens qu’il avait appris

à connaître en s’opposant à eux et même en les combattant.

Cependant, il y avait en lui encore beaucoup de

conceptions despotiques et, à maints égards, il ne mettait

pas en pratique dans sa vie les enseignements de

Jésus.

146

Ainsi, alors que Jésus exprimait ceci : « Que celui qui

veut être le plus grand soit votre serviteur »(Mt 20, 26),

Paul, lui, se montre très autoritaire, voire despotique,

développant une conception hiérarchique du pouvoir.

Voici ce qu’il écrit dans une de ses lettres aux Galates :

« Mais si quelqu’un, même nous ou un ange du Ciel, vous

annonçait un évangile différent de celui que nous vous

avons annoncé, qu’il soit anathème ! » (Ga 1,8) On le

voit, les propos de Paul sont extrêmement menaçants

envers ceux qui n’y adhèrent pas. Par ailleurs, sur les

conceptions despotiques de Paul est venue se greffer

parallèlement l’influence des différents cultes païens et

de leurs structures hiérarchiques, de sorte que peu à peu

le christianisme s’est toujours plus éloigné de ses origines,

donnant naissance à une doctrine qui n’avait plus

rien à voir avec l’enseignement de Jésus : l’union de la

tyrannie et de la hiérarchie dans le pouvoir. Et l’Eglise est

la fille engendrée par cette union.

De fait, Saul de Tarse, l’homme autoritaire et vindicatif,

continuait d’exister à travers Paul. Qu’il ait cessé de persécuter

les chrétiens, ne veut pas dire qu’il se soit débarrassé

pour autant de ses ambitions, qu’il se soit penché

véritablement sur l’enseignement de Jésus et qu’il l’ai fait

sien. Converti au christianisme, il y arrive avec l’exigence

que les choses soient telles qu’il le pense. Ce sentiment est

d’ailleurs renforcé et légitimé en lui par le fait qu’il se considère

comme le dernier témoin de l’apparition de Jésus.

147

Fort de la légitimité qu’il s’accorde, Paul entreprend

de réinterpréter l’enseignement de Jésus. Alors que ce

dernier s’est toujours opposé à l’idée de sacrifice sanglant,

Paul l’a réintroduite à sa façon dans le christianisme

des origines, faisant valoir qu’il avait fallu la mort

de Jésus pour réconcilier l’humanité avec Dieu. C’est

l’agneau pascal offert à Dieu en sacrifice. Cependant,

Jésus-Christ, avant ou après sa mort et sa résurrection

en Esprit n’a jamais avancé de telles choses qui ne sont

en fait que pures conceptions païennes.

Ce faisant, Saul de Tarse reste dans la tradition du

culte sanglant des Hébreux de l’Ancien Testament et de

tant de cultes païens de l’époque. Voilà ce que Karl-Heinz

Dechner a écrit à ce propos : « Paul parle toujours de

réconciliation, de rédemption et d’expiation par Son sang

de rédemption (le sang du Christ), par son sang de pacification,

le sang qu’Il a versé sur la croix. »

La 2ème falsification de l’enseignement de Jésus

auquel s’est livré Paul est sans doute encore plus lourde

de conséquence. C’est celle qui consiste à affirmer que

l’essentiel réside dans le seul fait de croire en Dieu et

en Jésus-Christ, rendant parfaitement secondaire la

mise en pratique de ses enseignements. Voilà ce que

Paul écrit dans une épître aux Romains : «Car nous

pensons que l’homme est justifié par la foi, sans les

oeuvres de la loi.» (Rm 3, 28)

148

A l’opposé de ces propos, voilà ce que nous dit Jésus,

selon Matthieu (Mt 7, 24-27) :

« Tout homme qui écoute ce que je vous dis là et le

met en pratique est comparable à un homme prévoyant

qui a bâti sa maison sur le roc. La pluie est tombée, les

torrents ont dévalé, la tempête a soufflé et s’est abattue

sur cette maison ; la maison ne s’est pas écroulée, car

elle était fondée sur le roc. Et tout homme qui écoute ce

que je vous dis là sans le mettre en pratique est

comparable à un homme insensé qui a bâti sa maison

sur le sable. La pluie est tombée, les torrents ont dévalé,

la tempête a soufflé, elle a secoué cette maison ; la maison

s’est écroulée, et son écroulement a été complet. »

Et Paul a falsifié l’enseignement de Jésus de bien

d’autres façons, adaptant le christianisme aux conditions

de l’empire romain, affirmant par exemple que tout

chrétien a le devoir d’obéir aux autorités de ce monde,

puisque celles-ci ont été instituées par Dieu et qu’elles

portent le glaive pour instaurer la justice et châtier le

mal (Rm 13, 1-4).

Comme on le sait, cette interprétation reste valable au

sein de l’Eglise depuis près de 2000 ans et ses conséquences

en ont été catastrophiques. Jésus, Lui, a dit :

« Donnez à l’empereur ce qui revient à l’empereur et à

Dieu ce qui revient à Dieu. » (Mt 22, 21)

Dans les actes des Apôtres, on lit même (Ac 5, 29) :

« Il convient d’obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes.»

149

Ces paroles de Paul ont toujours été une aubaine

pour l’Eglise, trop heureuse de pouvoir ainsi justifier

toutes ses compromissions avec le pouvoir temporel,

son soutien à la peine de mort et à la guerre.

Un autre point n’est pas non plus sans importance :

c’est le rejet du végétarisme par Paul, car c’est lui qui a

dit (1 Co 10, 25) : « Mangez de tout ce qui se vend au

marché, sans vous enquérir de rien par motif de conscience.

»

Cette affirmation a eu des conséquences dramatiques

qui se poursuivent aujourd’hui encore où des milliards

d’animaux sont assassinés avec la complicité consciente

ou inconsciente de la majorité des chrétiens. Pourtant, les

premiers successeurs du Nazaréen étaient végétariens.

Diffamations, persécutions, tortures et assassinats

: tous les moyens furent bons pour anéantir

le courant du christianisme des origines

Nous venons de le voir, l’enseignement propagé par

Paul est à l’opposé de ce qu’enseignait Jésus. Pourtant,

à l’époque la pensée de Jésus habitait nombre de chrétiens

des origines. C’est en accomplissant pas à pas Son

enseignement, qu’ils s’efforçaient de lui rendre hommage.

Dans ces conditions, comment Paul a-t-il pu prendre l’ascendant

dans les communautés chrétiennes primitives

et y imposer ses conceptions.

150

En fait, très tôt après sa conversion, Paul entreprit

une grande campagne de prosélytisme, fondant de nouvelles

communautés sans lien aucun avec celles de

Jérusalem et de Palestine édifiées peu après la mort de

Jésus par ses successeurs directs. S’adressant à des

personnes totalement ignorantes de l’enseignement de

Jésus de Nazareth et de l’esprit du christianisme en

vigueur dans les communautés des origines, Paul ne

rencontra aucune difficulté à imposer ses conceptions

personnelles. Mais d’autres facteurs ont également contribué

à l’affaiblissement du christianisme des origines.

Dès son apparition et son affirmation en tant que religion

nouvelle, le christianisme originel eut à subir les persécutions

du sanhédrin (Saul/Paul de Tarse fut particulièrement

actif et entreprenant à cet égard). Des campagnes

de calomnies et de mensonges habilement conduites

furent systématiquement organisées pour discréditer

les chrétiens. On racontait par exemple qu’ils tuaient

des enfants ou se livraient à des orgies sexuelles. Ces

rumeurs soigneusement entretenues étaient clairement

destinées à leur nuire. Soucieuses au plus haut point

d’assurer l’ordre public, les autorités romaines n’hésitèrent

pas à sévir contre ceux qui apparaissaient comme des

fauteurs de trouble et adversaires de leur pouvoir. Ainsi

commença la persécution des chrétiens. Les meilleurs

d’entre eux, les plus stables, les plus clairs et les plus

engagés furent naturellement les premières victimes de

151

ces persécutions. Privées de ceux et de celles qui auraient

pu les garder dans l’esprit du christianisme véritable, les

communautés des origines s’ouvrirent peu à peu et toujours

plus à l’influence des conceptions et rituels païens.

La pression s’exerçait donc à la fois de l’intérieur et de

l’extérieur et c’est ainsi qu’au cours du temps, le christianisme

des origines s’affaiblit. Tout ceci se situe dans la

logique de ce qui a conduit à la mise à mort de Jésus.

Le Nouveau Testament nous renseigne largement

sur les manigances de la caste des prêtres à l’encontre

de Jésus de Nazareth déjà de son vivant. Ainsi, fut-il

traité de « fils du diable » ou d’adorateur d’un « faux

Dieu ». Pour leur part, ceux qui le suivaient constituaient

« la secte du Nazaréen ». Le terme, né de la bouche des

Pharisiens de Jérusalem et de Palestine, connut ensuite

une grande popularité auprès des prêtres des cultes

païens en vigueur dans l’empire romain. Bientôt les

persécutions furent le fait de l’administration impériale.

Justin le martyr, Père de l’Eglise et l’un des plus grands

philosophe de son temps a beaucoup oeuvré pour que

justice soit rendue aux chrétiens injustement persécutés.

Il faut savoir qu’à cette époque (début du 2ème siècle

de notre ère) une simple dénonciation comme chrétien

suffisait à conduire quelqu’un devant le tribunal et

l’exposer à la peine de mort. Justin se fit leur avocat

auprès des plus hautes autorités de l’Etat, cherchant à

démontrer à la justice et aux autorités impériales le carac152

tère inique et malveillant des accusations portées contre

les chrétiens. Lui-même fut d’ailleurs victime de cette

vindicte.

Voilà ce qu’on peut lire sous sa plume alors qu’il

s’adresse « A l’empereur Titus Elius Adrien Antonin,

Pieux, Auguste César; à Verissime son fils, philosophe,

et à Lucius, philosophe, fils de César par la nature et de

l’empereur par adoption; au sacré sénat; et à tout le

peuple romain; pour ces hommes de toute race, injustement

haïs et persécutés … » : « …Les accusés ordinaires

qui paraissent devant vous, vous ne les frappez

qu’après les avoir convaincus : et nous, notre nom suffit

pour nous condamner. Et pourtant, à ne considérer que

le nom, vous devriez bien plutôt sévir contre nos accusateurs.

Nous sommes chrétiens : voilà pourquoi l’on

nous accuse : il est pourtant injuste de persécuter la

vertu. Que si quelqu’un de nous vient à renier sa qualité

et à dire : Non, je ne suis pas chrétien, vous le renvoyez

comme n’ayant rien trouvé de coupable en lui : qu’il confesse,

au contraire, courageusement sa foi, cet aveu

seul le fait traîner au supplice, tandis qu’il faudrait examiner

et la vie du confesseur et la vie du renégat, et les

juger chacun selon leurs oeuvres… »*

Les ennemis des chrétiens sont alors nombreux.

Justin les connaît et les dénonce comme tels. Dans un

*Apologie de Justin en faveur des chrétiens

153

texte, il accuse les prêtres de Jérusalem par ces mots :

« Vous avez choisi des hommes de Jérusalem et les

avez envoyés dans le monde entier pour qu’ils racontent

qu’une secte impie serait née dans le christianisme.

C’est ainsi que des personnes qui ne nous connaissent

même pas viennent pour nous accuser. »

On le comprend à cette lecture, les méthodes les plus

scélérates furent employées pour nuire aux chrétiens

et empêcher que se répandent les enseignements de

Jésus-Christ. Des émissaires étaient envoyés dans les

villes de l’empire où des communautés chrétiennes

étaient identifiées avec pour mission de les dénoncer

auprès des autorités romaines. Plus tard, après que le

christianisme ait perdu peu à peu son authenticité originelle

et intégré de plus en plus d’aspects païens, sous

les coups répétés de ses adversaires, et qu’il ait acquis

une large audience parmi la population, les conditions

d’une alliance entre l’Eglise et l’Etat furent réunies. Celleci

s’effectua sous Constantin.

Par bien des côtés, les méthodes d’aujourd’hui rappellent

celles d’hier. Pour discréditer une communauté

de foi et la mettre au ban de la société, il suffit de propager

des rumeurs, des mensonges à son encontre et la

qualifier de secte. Immédiatement, la suspicion se répand

et la peur fait le reste. A deux mille ans d’intervalle,

les hommes changent mais les méthodes demeurent.

154

Sous le pouvoir dictatorial et totalitaire des

évêques, le christianisme fut détourné

et s’engagea dans une direction totalement

opposée à celle de ses débuts

Après que le christianisme originel ait été dispersé

et anéanti par les moyens que nous venons d’évoquer,

un changement radical s’opéra au sein des communautés

qui se réclamaient du Nazaréeen mais n’avaient progressivement

plus rien à voir avec lui.

L’une des caractéristiques principales de ce changement

fut la prise de pouvoir par les évêques qui s’opéra

en leur sein. La formation de l’institution était en cours.

Si les évêques purent procéder à cette prise de pouvoir

c’est qu’ils géraient les finances des communautés.

Ainsi, l’argent dont ils disposaient leur procurait-il les

moyens de rétribuer ceux qui leur étaient fidèles et se

montraient obéissants. Afin d’accroître encore davantage

leurs capacités financières et par là-même leur pouvoir,

ils firent en sorte d’accueillir toujours plus de personnes

au sein des communautés, au prix de compromis toujours

plus importants avec l’enseignement de Jésus :

compromis avec les croyances païennes, compromis

avec les tendances humaines à la paresse. C’est ainsi

qu’ils ne virent que des avantages à adopter l’enseignement

de Paul qui prônait un dieu qui pardonne tous les

péchés pour peu que l’on croit en lui.

155

Afin de ne pas compromettre le pouvoir et la position

qu’ils avaient acquis, les évêques cherchèrent toujours

plus à s’attirer les bonnes grâces des autorités romaines.

C’est ainsi qu’il faut interpréter l’interdiction faite aux femmes

d’accéder aux fonctions dirigeantes, contrairement

à ce qui se passait dans les premières communautés

chrétiennes où elles participaient sans restriction à la vie

commune.

La Commune chrétienne la plus riche était celle de

Rome. Dans certains échanges de correspondances

entre chrétiens, on trouve des informations très intéressantes

à ce sujet. On y apprend que lors des rencontres

de la Commune de Rome, le sujet le plus important

était l’organisation de l’aide aux pauvres. A lire ces correspondances,

on peut en déduire qu’ils connaissaient

extrêmement bien leur quartier et qu’ils savaient identifier

les besoins de chacun des habitants afin de distribuer

l’aide à bon escient.

Ainsi, on estime que les chrétiens de Rome venaient

chaque jour en aide à 1500 personnes dans le besoin.

Par ailleurs, ils soutenaient également financièrement les

Communes plus pauvres, comme celle de Jérusalem ou

celles d’Asie mineure.

Pour toutes ces raisons, la Commune de Rome acquit

rapidement un prestige et un statut particulier liés au nombre

de riches citoyens qu’elle comptait en son sein. Certains

membres de la communauté en tirèrent de l’orgueil.

156

En l’an 190, celui qui se nommait déjà « évêque » des

chrétiens de Rome, décida d’exclure de la communauté

tous ceux qui refusaient de se conformer aux coutumes

païennes célébrées dans tout l’empire à l’occasion

de Pâques. Les Communes d’Asie mineure ne firent pas

grand cas de cette injonction, mais on se rend compte

que dès cette époque, Rome commençait à vouloir imposer

sa domination à l’ensemble du monde chrétien.

En définitive, il fallut plusieurs siècles à Rome pour

devenir le centre du pouvoir catholique, tout au moins

dans la partie occidentale, puisque la division intervenue

dans l’Empire entraîna également un schisme au

sein de l’Eglise, donnant naissance à l’Eglise orthodoxe

de Constantinople après que l’Eglise d’Asie mineure ait

été excommuniée par l’évêque Victor 1er.

Le processus d’infiltration des tendances païennes

dans le christianisme des origines était déjà entamé au

2ème siècle après J-C. Dès cette époque, on commença à

introduire des sacrements, à ériger des autels, à octroyer

à l’évêque une chaise à part, qui plus tard allait devenir

un trône. Par contre, c’est seulement au 3ème siècle que

les prêtres commencèrent à revêtir des vêtements particuliers.

Puis vinrent les pélerinages et les processions,

sur le modèle de ceux pratiqués dans les cultes païens,

puis la vénération des saints. On l’a vu, Jésus n’a jamais

demandé que des personnes soient béatifiées. En

effet, si chacun a la possibilité de trouver Dieu en lui157

même, pourquoi aurait-on besoin de saints et d’intermédiaires

quelconques dans les Cieux ? Dès cette époque,

on décréta également l’instauration de fêtes chrétiennes

sur le modèle de celles organisées dans les cultes païens.

Aujourd’hui encore, la plupart des jours de fêtes importantes

correspondent à d’anciens jours de fête païennes.

Ainsi en est-il par exemple de Noël.

Les historiens s’accordent à reconnaître qu’au solstice

d’hiver, la période de l’année où les jours commencent

enfin à rallonger, bien avant l’époque romaine, on

fêtait déjà en Europe la renaissance tant attendue de la

nature et l’espérance d’une vie nouvelle. Partout, le feu

et la lumière, en tant que symboles, jouaient un rôle important

au cours de ces cérémonies. En fait, toutes les

religions antérieures au christianisme célébraient le solstice

d’hiver dans le but de redonner courage et espoir

au peuple angoissé par les sols gelés, l’absence de vie

et l’obscurité.

Pour leur part, les romains invoquaient Saturne, dieu

des semailles et de l’agriculture, dont le nom vient du

verbe latin Severe (semer). Sa fête, les Saturnales, donnait

lieu à des réjouissances du 17 au 24 décembre.

Malgré l’influence croissante de l’Eglise et de ses disciples

à Rome, les rites liturgiques chrétiens ne parvenaient

pas à s’imposer face aux festivités païennes des

Saturnales. Cette fête joyeuse entravait la propagation

du christianisme. Mais la chrétienté était également me158

nacée par un autre culte fortement implanté dans l’Empire

romain : le culte de Mithra.

Au IVe siècle, pour contrecarrer l’influence de ce culte

et imposer la sienne, l’Eglise chrétienne prit une mesure

très astucieuse. La fête de la naissance du Christ

fut avancée du 6 janvier au 25 décembre. En effet le

solstice d’hiver du 25 décembre était la fête la plus importante

de l’an mithraïen : on fêtait la renaissance du

«sol invinctus» (dieu invaincu). L’Eglise n’hésita donc pas

à déclarer le Christ «sol invinctus». Et le tour fut joué !

De la même façon, la plupart des fêtes catholiques

s’inspire de cultes païens, telle la fête du 15 août, jour

de l’ascension de Marie, autrefois une fête importante

célébrée en l’honneur de Diane, grande déesse mère.

On le voit, ces pratiques qui prirent naissance très

tôt ont suffi, en seulement deux siècles, à transformer en

grande partie la religion chrétienne en une religion

païenne. L’empereur Constantin prit la suite en faisant

du christianisme une religion d’Etat, une institution. C’est

sans aucune difficulté que l’Eglise, désormais largement

imprégnée d’apports païens, prit ce tournant.

L’évolution du positionnement de l’Eglise face à la

guerre et la violence indique à quel point elle s’est

profondément transformée. Dans son livre « Abermals

krähte der Hahn», l’historien allemand Karlheinz

Deschner écrit ce qui suit (p. 507 ) : « En 313, Constantin

octroie aux chrétiens la totale liberté de religion. En 314,

159

le synode d’Adelate décide l’excommunication des

soldats déserteurs. Désormais, celui qui déposait les

armes était excommunié alors qu’auparavant cette

sanction s’appliquait à celui qui les prenait. »

D’une Eglise gangrenée par les rites

païens, l’empereur Constantin fit, de facto,

une Eglise d’Etat

Sous l’empereur Constantin, deux grandes religions se

partageaient équitablement les faveurs du peuple romain :

le christianisme et le culte de Mithra. Rien qu’à Rome, il

existait 800 temples dédiés à la pratique de ce culte.

Examinons la façon dont ces temples étaient construits :

Ils se composaient d’une nef centrale, de bancs disposés

à droite et à gauche de l’allée centrale conduisant à un

autel auquel on accédait par quelques marches. Cela

ne vous rappelle-t-il rien ? On croirait en effet entendre

la description d’une église catholique.

Ainsi, il est possible d’affirmer que l’Eglise catholique

procède moins du christianisme que des cultes païens

de l’époque. A cet égard, le fait que l’Eglise catholique se

revendique du Christ et des Evangiles ne doit pas nous

égarer.

Dans l’ancienne religion iranienne, Mithra était le dieu

de la lumière, le symbole de la chasteté et de la pureté et

160

il combattait les forces maléfiques. Au IIe et IIIe siècles

avant J.-C., son culte fut répandu dans tout l’Empire

romain et l’empereur Aurélien en fit même la religion d’Etat.

Les soldats romains, dont bon nombre vénéraient Mithra,

furent les ambassadeurs de cette religion qu’ils répandirent

jusque dans les provinces les plus éloignées de l’Empire.

Les prêtres de Mithra étaient les délégués obligés entre

les hommes et la divinité. Le clergé de Mithra était hiérarchisé

et une initiation longue et sévère était requise. L’aspirant

à la prêtrise devait passer par sept grades désignés

chacun par un nom symbolique : corbeau, occulte, soldat,

lion, Perse, courrier du soleil, père ou Pater étant le

degré le plus élevé. Pour sa part, le clergé catholique se

caractérise par un ordre ecclésiastique qui est un classement

par grade où une initiation longue est demandée :

L’aspirant doit être initié afin d’atteindre les sept grades.

Quatre ordres mineurs : acolyte, exorciste, lecteur et

portier ; trois majeurs : évêque, diacre et prêtre. Le titre

de père ou Pater s’applique à l’ordre supérieur.

L’initiation mithriaque accorde aussi une fonction

particulière aux mages, corporation sacerdotale célèbre

pour son savoir astrologique qui est mis au service de

leur culte. En observant les vêtements que portaient ces

mages ainsi que le trône sur lequel ils prenaient place,

nous remarquons beaucoup de similitudes avec les

pratiques du catholicisme.

161

En fait ces similitudes sont tellement nombreuses qu’il

est difficile de toutes les reprendre ici. Nous n’en citerons

que quelques-unes :

- A sa naissance, Mithra est adoré par des bergers.

- Le transitus (voyage de Mithra avec le taureau sur

les épaules) rappelle le Via Crucis du récit évangélique.

- Le mithraïsme était une religion de salut : le sacrifice

de Mithra avait pour but la rédemption du genre humain.

- Mithra était désigné comme La Lumière, La Vérité

et Le Bon Berger.

- Le banquet rituel des fidèles de Mithra a des

similitudes avec l’eucharistie chrétienne.

- Le jour sacré du mithraïsme était le dimanche.

- La naissance de Mithra se célébrait le 25 décembre.

- Les attributs du pater - niveau le plus important

d’initiation au mithraïsme - étaient le bonnet phrygien, le

bâton et l’anneau, très similaires à la mitre, la crosse et

l’anneau des évêques chrétiens.

On prête à Ernest Renan la phrase suivante : «Si le

christianisme avait été arrêté dans sa croissance par

quelque maladie mortelle, le monde eût été mithriaque

Après ce que nous venons d’évoquer, comment ne pas

croire qu’il l’est ! Serait-ce en guise de reconnaissance

que l’on trouve une statue de Mithra au Vatican ?

La plupart des historiens s’accordent à penser que

Constantin voyait dans la coexistence de deux religions

162

au sein de l’Empire une source de division et donc d’affaiblissement.

Beaucoup de fonctionnaires et de soldats,

qui constituaient l’un des principaux piliers de l’empire,

étaient attachés au culte de Mithra. Le christianisme, lui,

était répandu dans toutes les couches de la population,

tant chez les riches que chez les pauvres. Ces deux

courants étaient donc à peu près équivalents. Constantin

entreprit donc de les réunir pour n’en plus faire qu’un.

En raison de l’influence qu’il avait acquise, le christianisme

fut choisi pour servir de maison commune. Ceci fait,

Constantin fit interdire le culte de Mithra dans tout l’empire.

Le Concile de Nicée, en 325, marque l’intronisation

par Constantin du christianisme comme religion officielle.

Il existait encore, à cette époque, au sein de la chrétienté

dénaturée, un courant inspiré du christianisme des

origines ; les chrétiens ariens qui se référaient à Origène.

Origène, grand penseur et philosophe du 3ème siècle

s’était insurgé contre le détournement du christianisme

des origines et la falsification de la Bible. Il considérait en

effet que le christianisme prenait une mauvaise direction,

très éloignée de ce qu’il était à l’origine. Lors de la

campagne de persécution des chrétiens menée par

Decius en 250, Origène subit de graves tortures dont il

mourut quatre ans plus tard. Toutefois, ses enseignements

et sa pensée se prolongèrent au travers de disciples

et de partisans. Arius d’Alexandrie, en Egypte, fut

l’un de ceux-là. Il mena sa tâche avec une telle ardeur

163

que ses idées prirent rapidement une place importante

au sein du christianisme de l’époque. L’histoire a donné à

ce courant le nom d’arianisme. Or, lors du Concile de

Nicée, en 325, l’empereur Constantin prit fait et cause

contre Arius et ses partisans qui furent excommuniés.

A cette époque, au sein de l’Eglise, le fait de consommer

ou non de la viande était un thème central qui, on le

sait tourna à l’avantage des partisants de la viande. Ainsi,

lors du synode d’Ankara, en 314, un décret décida que

tous les prêtres ou diacons végétariens seraient démis

de leurs fonctions. Il fut décidé que : « les prêtres et

diacons qui exerçaient une fonction dans le domaine spirituel

et ne consommaient pas de viande devaient en

goûter, pour se vaincre eux-mêmes. » en l’occurrence il

faut comprendre ‘vaincre leur dégoût de la viande’. S’ils

persistaient dans leur attitude et refusaient ne serait-ce

que de manger des légumes mélangés à de la viande, ils

« s’opposaient à la règle » et « devaient de ce fait être

démis de leur fonction ».

« ils s’opposaient à la règle… », signifie qu’à cette

époque déjà, manger de la viande était devenu une condition

essentielle pour devenir prêtre catholique. Afin de

s’assurer que les impétrants qui rejoignaient l’Eglise

mangeaient bien de la viande, il leur était demandé de

prononcer une malédiction à l’encontre des Nazaréens.

Cela paraît incroyable, mais ce fait est pourtant tout à

fait authentique. Voilà les mots qu’il leur était demandé

164

de prononcer : « Je maudis les Nazaréens, les butés

qui refusent de croire que la loi des sacrifices a été donnée

par Moïse et qui s’abstiennent de consommer des

créatures vivantes. »

Au 4ème siècle, bien que l’enseignement de Jésus de

Nazareth ait déjà été largement falsifié, il existait encore

d’importants débats contradictoires pour déterminer

l’authenticité de celui-ci. Cela ressort très bien de

l’observation des différends théologiques débattus lors

du Concile de Nicée.

Le débat central tournait autour de la question de

savoir si Jésus de Nazareth était le Fils de Dieu ou Dieu

lui-même. Athanase affirmait que Jésus était l’incarnation

de Dieu. En ce qui le concerne, Arius, opposant

d’Anathase, défendait la thèse selon laquelle Jésus est

Fils de Dieu, empli de Dieu, mais pas identhique à Dieu.

Pour Constantin, la première conception était parfaitement

admissible puisque les romains ne connaissaient

qu’un Dieu et au plus une incarnation de Dieu. C’est

pourquoi dans l’intérêt de l’uniformisation de sa religion

d’Etat, Constantin trancha en faveur de la croyance selon

laquelle Jésus-Christ était Dieu, comme cela est encore

inscrit dans la profession de foi apostolique.

Aujourd’hui, grâce à la Parole de Dieu donnée par la

bouche prophétique à notre époque, les chrétiens des

origines savent que Jésus de Nazareth vint sur Terre

165

en tant que Fils de Dieu pour y apporter le royaume de

paix et qu’Il était empli de l’Esprit de Son Père, Dieu.

Malgré les décisions prises lors du concile de Nicée,

l’affrontement entre ces deux conceptions se perpétua

encore pendant trois siècles, jusqu’à l’élimination définitive

du courant arien ou arianique. Ainsi, la doctrine

de l’Eglise catholique romaine est aujourd’hui encore imprégnée,

dans sa profession de foi apostolique, par les

décisions prises au Concile de Nicée sous l’influence

de Constantin, chrétien de circonstance ou d’intérêt.

D’aucuns penseront peut-être que la question de

savoir qui était vraiment Jésus n’est pas si importante.

Pourtant, il ne s’agit pas là d’une simple subtilité théologique.

En adoptant ce point de vue, l’Eglise voulait, en

la simplifiant, rendre la foi accessible à tous et surtout

répondre aux souhaits du plus grand nombre. Sous l’influence

des cultes païens on offrit donc au peuple un

Dieu puissant et efficace, susceptible de résoudre les

problèmes du quotidien et d’effacer tout le mal commis,

à la simple condition de respecter l’observance de rituels

bien définis. C’est donc par pur souci de simplification

et d’efficacité que Dieu-Père, Dieu-Fils et l’Esprit-Saint

furent réunis en une seule et même personne.

Pourtant, si Jésus, le Christ, était empli de Dieu, il

n’était pas Dieu lui-même, mais le Fils de Dieu envoyé

par Son Père et imprégné de son Esprit. Les premiers

166

chrétiens le croyaient et leurs successeurs le croient

aujourd’hui encore.

On l’a vu, Constantin était païen. L’esprit véritable

du christianisme lui était totalement étranger et son parcours

le rendait incapable de discerner où se trouvait la

vérité du message chrétien de l’amour. Ce sont d’autres

considérations qui l’ont poussé à favoriser une tendance

du christianisme plutôt qu’une autre et c’est ainsi que le

culte pratiqué à notre époque sous le vocable de chrétien

est en réalité totalement inspiré du paganisme et

recouvert du manteau du Dieu unique.

Dans le christianisme, ce qui n’est pas directement

inspiré du culte de Mithra, l’est d’autres cultes païens ;

le culte d’Athis, d’Hercule, d’Osiris, d’Isis ou d’autres.

Même si le christianisme est devenu religion d’Etat sous

Constantin, il n’en reste pas moins une religion païenne.

Constantin consultait en effet régulièrement l’oracle. Il

fit frapper des pièces de monnaie à son effigie le représentant

sous les traits d’un dieu solaire. Il n’accepta les

sacrements du baptême que sur son lit de mort et voulut

que ceux-ci lui soient administrés par un prêtre

arianiste et non par un prêtre de l’Eglise officielle catholique.

Mais pour l’Eglise, cela est sans importance. Bien

qu’il fut un homme de guerre terriblement cruel qui donnait

ses prisonniers en pâture aux ours et fit même assassiner

sa propre parenté, l’Eglise l’a pourtant béatifié.

167

Cette distinction qui n’est autre qu’une récompense pour

services rendus est d’un cynisme sans égal.

Car, il faut bien le reconnaître, Constantin a accordé

à l’Eglise d’énormes privilèges, dépossédant les païens

de certains de leurs temples pour les lui donner, exemptant

les ecclésiastiques du paiement de la plupart des

impôts, leur accordant des revenus réguliers, etc...

Aujourd’hui encore, dans certains pays comme l’Allemagne,

l’Eglise est soutenue massivement par l’Etat et

les salaires des fonctionnaires ecclésiastiques, prêtres,

évêques et cardinaux sont à sa charge. La formation

des théologiens, les cours de religions dans les écoles

publiques, sont financés par l’Etat. Les Eglises y sont

également exemptées de nombreux impôts. En faisant

la somme de tous ces privilèges on obtient un montant

de 14 milliards d’euros par an.

Cela vaut bien que l’Eglise voue à Constantin une

reconnaissance éternelle.

De nos jours encore, officiellement ou non,

l’Eglise reste une Eglise d’Etat

De nos jours encore, officiellement ou non, l’Eglise

reste une Eglise d’Etat de nature politique. En effet, quelle

que soit leur couleur politique, il n’est pas un chef d’Etat

ou un homme politique qui ne cherche à apparaître en

photo aux côtés de l’édile de Rome, à lui baiser la main,

168

à recevoir sa bénédiction, en quelque sorte à lui prêter

allégeance à la manière des vassaux autrefois envers

leur souverain ?

Nous verrons plus loin les formes et le sens que prit

cette collusion entre l’Eglise et l’Etat. Nous montrerons

son caractère insidieux et démontrerons combien tout

cela est à l’opposé des enseignements de Jésus-Christ.

169

Refuser de prendre part

au culte de Marie et d’adorer

les saintes reliques, c’est encourir

la damnation éternelle.

Comment une dictature impose sa

domination à une démocratie

Dans les précédents chapitres, nous avons évoqué

la façon dont le christianisme des origines a vu le jour et

comment il a progressivement changé de visage au fil

des siècles, donnant naissance à une religion païenne

agressive qualifiée de ‘catholique’ alors que l’enseignement

de Jésus de Nazareth aux hommes est au contraire

un appel à l’amour et à la paix.

Les explications à suivre montrent très clairement de

quelle manière des apports issus du paganisme grec ou

romain ont remplacé les véritables enseignements chrétiens,

imposés bien souvent d’ailleurs par la violence.

Dans ce nouveau chapitre, nous aimerions montrer

que le Saint-Siège repose en réalité presque uniquement

sur des bases païennes. Pour cela, nous passerons en

revue les coutumes, rituels, dogmes, insignes, fêtes,

etc… de la tradition catholique. L’image finale qui apparaîtra

au terme de cette investigation risque fort d’étonner

plus d’un lecteur en dévoilant la nature païenne de cette

institution et ce, dans des proportions qu’on ne pourrait

soupçonner.

170

Le culte catholique de la vierge en tant que

« mère de Dieu » est bien antérieur à

l’avènement du christianisme

La quasi-totalité des enseignements et structures de

l’Eglise catholique trouvent leur origine dans le paganisme.

Ainsi en est-il du culte voué à Marie qui constitue

une part essentielle de la foi catholique. Ainsi, pour ceux

qui ne le sauraient pas, le culte que l’on voue à la mère

de Dieu, selon le dogme promulgué par Pie XII, avance

même que Marie aurait été accueillie dans les Cieux « en

chair et en os ». Or, en réfléchissant à la façon dont ce

culte est né et à la personnalité de ses précurseurs, on

découvrira des choses fort intéressantes. Jésus de Nazareth

quant à lui n’a jamais parlé de Sa mère comme

étant la mère de Dieu. Sa mère dans la chair, Marie,

était une personne simple, modeste et soumise à la

volonté de Dieu. Alors, comment expliquer ce passage

du statut de simple femme à celui de mère de Dieu ? En

creusant la question, on découvrira que le culte de la

mère de Dieu trouve ses racines profondes dans l’antiquité

païenne, et cela bien avant l’ère chrétienne.

Pour illustrer ce propos, rappelons que les déesses

Isis, en Egypte, et Artemis, en Grèce, faisaient l’objet de

la même adoration que celle que l’on voue à Marie aujourd’hui

encore dans l’Eglise catholique. Toutes deux

171

étaient même souvent qualifiées de « reines des cieux »,

ou d’« étoiles de mer », expressions que l’on retrouve

communément dans des chants entonnés lors de

pèlerinage en l’honneur de la vierge Marie. En Egypte

comme en Grèce, ces déesses étaient souvent qualifiées

de « grandes mères des dieux ». Dans ces conditions,

ce n’est sans doute pas un hasard si le dogme

faisant de Marie la Mère de Dieu, et non celle Jésus, fut

ratifié en 431 après J-C, lors du concile d’Ephèse, cette

ville étant alors un grand centre de culte voué à

l’adoration de la déesse Diane considérée comme la

Mère de Dieu. Il est donc clair que cette croyance, issue

du paganisme, s’est infiltrée dans l’Eglise.

Il est intéressant également de se rappeler que Diane

était la déesse de la chasse. Déesse de la chasse et

mère de Dieu, voilà qui est pour le moins insolite.

On a donc transformé la mère de Jésus en un objet

de culte païen et parfois de façon assez incroyable. Ainsi

en est-il du culte à la vierge noire tel qu’il était par exemple

pratiqué jusqu’au 20ème siècle à Altötting, lieu de pèlerinage

situé en Bavière, dans le sud de l’Allemagne. La

vierge noire d’Altötting était sensée posséder des pouvoirs

de guérison ce qui lui conférait une grande popularité.

Chaque année, les pèlerins affluaient en masse

pour racler quelques éclats de cette statue en terre cuite

qu’ils recueillaient précieusement avant de les réduire

172

en poudre pour mieux les ingérer lors d’un repas. Cette

coutume qui consiste à racler de petits morceaux de

statue de la vierge est d’ailleurs décrite dans un ouvrage

consacré aux remèdes médicaux d’inspiration religieuse.

La vierge noire à racler de Altötting est l’une des plus

célèbres, de même que ses copies reproduites à Einsiedeln,

en Suisse, également très prisées des fidèles. Au

cours des différentes étapes qui jalonnaient le pèlerinage,

il était possible d’acheter de petites répliques de

cette statue. On attribuait à ces dernières des vertus miraculeuses

et curatives car la terre et le mortier qui

servaient à les fabriquer provenaient d’une chapelle

sainte et contenaient des particules de reliques pieuses.

Bien entendu, le miracle ne pouvait s’opérer qu’avec les

statuettes vendues au cloître même ou provenant de

celui-ci ! Récapitulons : des fragments de reliques, donc

de cadavres, étaient mélangés à la terre qui servait à

fabriquer les statuettes de la vierge. On raclait ensuite

les statues avant d’ajouter les résidus ainsi obtenus à

son repas. En quelque sorte, ce sont donc ses aïeuls

que l’on consommait ainsi et on pourrait considérer cela

comme une forme de cannibalisme. Cette coutume relevant

du paganisme, on a peine à croire qu’elle ait pu

survivre avec la bénédiction de l’Eglise catholique. Le

cloître en question, lui, a fait de bonnes affaires jusqu’au

20ème siècle ! Cet exemple nous permet de réaliser à

quel point le paganisme s’insinue jusqu’au coeur même

173

de l’Eglise catholique sans que nous n’en ayons

conscience.

De telles pratiques n’ont évidemment rien à voir avec

la religion et encore moins avec le christianisme, c’est-àdire

avec les enseignements du Nazaréen. Des dignitaires

ecclésiastiques chercheront bien sûr à les

expliquer voire à les excuser en prétendant qu’il s’agit

là de croyances populaires ayant quelque peu dévié

pour finalement s’apparenter à de la superstition. Mais,

en vérité, il n’en est rien. De fait, à la base de ce culte à

Marie on trouve le dogme édicté par l’Eglise qui en fait

la Mère de Dieu. L’Eglise catholique la vénère en tant

que vierge entourée d’une couronne d’étoiles en forme

de demi-lune, ce qui est très proche de certaines représentations

figurant la déesse égyptienne Isis.

La figure de Marie que l’Eglise catholique a récupérée

pour l’élever au rang de Mère de Dieu, se situe donc

dans la filiation directe des déesses égyptiennes, telles

Isis, et d’autres icônes de la mythologie païenne comme

Diane, Artémis ou encore Astarté, divinité phénicienne

de la fertilité. Comme cela a déjà été dit plus haut, le

dogme par lequel Marie a été élevée au statut de Mère

de Dieu - faisant d’elle quasiment la déesse d’un culte

de mystère - a été édicté à Ephèse, ville qui depuis des

siècles entretenait un tel culte envers Diane. D’ailleurs,

lors de la tenue du concile, une foule fanatique déambulait

dans les rues d’Ephèse pour exiger que l’ancien culte

174

de Diane, la Mère de Dieu, soit intégré au sein de l’enseignement

catholique, ce qui était précisément en train

de se passer.

Marie est donc femme et mère au-dessus de toutes

les autres femmes et mères. Il est intéressant ici de faire le

rapprochement avec le célibat des prêtres que l’on pourrait

interpréter ainsi : le prêtre catholique n’a pas droit au

mariage car il s’unirait alors à une simple femme. Or, celle

qui lui est destinée est la femme au-dessus de toutes

les femmes et la mère au-dessus de toutes les mères.

Ne faut-il pas y voir la racine psychologique profonde

du célibat pratiqué dans l’Eglise catholique ? L’archétype

de la Grande Mère s’est emparé du subconscient des

hommes bien des millénaires avant que le christianisme

ne voit le jour. Dès cette époque, le culte de la Grande

Mère était l’apanage de prêtres à qui il était interdit de se

marier. Ceux-ci, qui se considéraient comme les enfants

de la Grande Mère, portaient des vêtements féminins.

Ici, il est intéressant de se demander pourquoi l’Eglise

a éprouvé le besoin de reprendre à son compte le culte

païen de la déesse mère ? C’est peut-être qu’après avoir

fait de Dieu un être cruel, arbitraire et sanguinaire, qui

punit Ses enfants et les envoie souffrir les feux de la

damnation éternelle, il lui fallait compenser cette vision

plutôt noire par une image réconfortante aux yeux des

fidèles afin qu’ils ne restent pas dans la peur d’un dieu

punissant et vengeur.

175

Ne pas croire à l’enfantement immaculé

de Dieu par la vierge Marie, voue à la

damnation éternelle. Les fidèles

de l’Eglise en sont-ils conscients ?

Celui qui n’admet pas le culte voué à Marie et donc

refuse de la vénérer comme «Mère de Dieu», mais qui,

en revanche, la reconnaît et la respecte comme étant la

mère de Jésus par la chair, est-il déjà voué à la damnation

éternelle ?

La réponse ne fait aucun doute ainsi qu’on peut le

lire dans un document officiel de l’Eglise ainsi rédigé :

« Si quelqu’un ne confesse pas, selon les saints Pères,

en un sens propre et véritable, Mère de Dieu la sainte,

toujours vierge et immaculée Marie, puisque c’est en

un sens propre et véritable Dieu Verbe lui-même, engendré

de Dieu le Père avant tous les siècles, qu’elle a,

dans les derniers temps, conçu du Saint-Esprit sans

semence et enfanté sans corruption, sa virginité demeurant

inaltérable aussi après l’enfantement, qu’il soit condamné.

» *

Ce passage soulève la question suivante : Les

protestants qui rejettent le culte à Marie sont-ils eux aussi

voués à la damnation éternelle et donc perdus ? Et dans

* Concile du Latran, 5-31 octobre 649/ Canons/ Condamnation

d’erreurs concernant la Trinité et le Christ/ Canon 3

176

ce cas, pourquoi s’ingénier alors à faire des avances

au Saint-Siège ?

A un moment où l’on parle tant d’oecuménisme, la

question ne mérite-t’elle pas d’être posée ? On pourrait

également se demander si les protestants ne se comportent

pas en aveugles spirituels pour se laisser ainsi

duper par les paroles douceureuses de l’Eglise catholique

et quelles sont

leurs réactions aux

propos du Cardinal

Meissner de Cologne

qui affirme : « Il n’y aura

jamais d’oecuménicité

avec les protestants. »

Vous qui lisez cette

brochure, si vous ne

croyez pas au culte de

Toute comme la vierge Marie sur cette

image, la désse égyptienne Isis est

souvent représentée au-dessus d’une

demi-lune et couronnée d’étoiles.

Marie, vous aussi êtes

perdus et exposés à la

damnation éternelle.

Dans ces conditions,

souhaitez-vous encore rester fidèle à l’Eglise et continuer

à lui verser son écot pour la remercier de vous

avoir déjà condamnés et voués au feu de l’enfer ?

Comment quelqu’un de sensé peut-il poursuivre dans

cette voie ?

177

Quiconque refuse de croire aux reliques

des saints et de les vénérer est damné,

selon l’Eglise catholique

Il faut peu de choses en réalité pour encourir la damnation

! L’un des rédacteurs de cette brochure raconte

qu’enfant, il devait se rendre à la messe chaque dimanche.

De part et d’autre de l’autel placé au coeur de

l’Eglise, se trouvait un cercueil de verre contenant un

squelette magnifiquement vêtu dont il avait très peur.

Depuis peu, il a découvert que tout catholique qui refuse

de croire que ces reliques dispensent le salut, est

également voué à la damnation éternelle. C’est en effet,

au Concile de Trente que l’obligation d’adorer le cadavre

des martyrs de l’Eglise fut ordonnée, toute personne

s’y refusant étant damnée pour l’éternité : « Les fidèles

doivent aussi vénérer les saints corps des martyrs et des

autres saints qui vivent avec le Christ, eux qui ont été des

membres vivants du Christ et le Temple du Saint-Esprit

ration aux reliques des saints, ou bien que c’est inutilement

que les fidèles les honorent ainsi que les autres souvenirs

sacrés, et qu’il est vain de visiter les lieux de leur martyre

pour obtenir leur soutien, tous ceux-là doivent être tota-

1Co 3-16, 1Co 6-15, 1Co 6-19, 2Co 6-16 et qui seront

ressuscités et glorifiés par lui pour la vie éternelle ; par

eux Dieu accorde de nombreux bienfaits aux hommes.

Aussi, ceux qui affirment qu’on ne doit ni honneur ni véné178

lement condamnés, comme

l’Eglise les a déjà condamnés

autrefois et les condamne

encore aujourd’hui. »*

Tout catholique est donc contraint

de croire en des choses

profondément ancrées dans le

paganisme.

S’il est vrai que l’Egypte antique,

consacrait de nombreux lieux de culte à la vénération

des restes des dieux, dans la mesure où on prêtait des

Isis et Horus Semiramis et

Tammuz

Indrani et son fils

Devaki et Krischna

* Concile de Trente, 25ème session - Décret sur l’invocation, la

vénération et les reliques des saints, et sur les saintes images,

3 décembre 1563

179

vertus magiques à ces reliques, on est en droit de se

demander en quoi ces pratiques toujours en vigueur au

sein de l’Eglise catholique romaine et qui relèvent de la

magie, ont à voir à voir avec le christianisme.

Il serait intéressant à ce sujet de connaître le point de

vue d’un médecin sur le fait d’absorber des résidus de plâtre,

même quand ceux-ci proviennent d’une statue de Marie.

Que trouve-t-on sur une telle statue, quelles sont les substances

absorbées au travers de ses résidus ?

A la limite, on pourrait même se demander si une telle

pratique ne va pas à l’encontre de la loi, dans la mesure

où elle pourrait être assimilée à une forme d’exercice

illégal de la médecine ? Que penserait-on d’une personne

qui se rendrait en pèlerinage à Altötting dans l’espoir

d’y trouver la guérison et qui, du coup, délaisserait les

remèdes precrits par son médecin traitant. La loi allemande

est extrêmement pointilleuse sur ce sujet. Si tout

autre communauté religieuse que l’Eglise pratiquait de

la sorte, il y a fort à parier que l’Ordre des médecins et

l’inspection du travail interviendraient aussitôt, et

particulièrement si des objets aux vertus prétenduement

miraculeuses étaient vendus. Les instances responsables

de la santé publique ne manqueraient pas de

souligner les dangers de telles pratiques et d’intervenir

pour leur interdiction.

En l’occurrence, prendre comme excuse la croyance

populaire est parfaitement fallacieux. Cette histoire de

180

* « L’Eglise romaine. La religion des mystères de Babylone »,

page 66 (il s’agit de notre traduction, ce livre n’étant pas disponible

en français) :

reliques, c’est le Pape lui-même qui l’a initiée dès le début

comme nous l’apprendrons à la lecture du livre de Ralph

Woodrow * : « En l’an 750, des convois entiers arrivaient

sans cesse à Rome, transportant quantités de crânes

et de squelettes. Ceux-ci étaient triés, étiquetés puis

vendus par les Papes. Les tombes étaient pillées durant

la nuit. Dans les églises on montait la garde devant les

tombeaux. Rome était comme cimetière en putréfaction.

Dans l’église St. Prassede, on trouve aujourd’hui encore

une plaque de marbre sur laquelle est gravée qu’en l’an

817, la Pape Pascal fit transporter du cimetière dans

l’église les cadavres de 2300 martyrs. Lorsque le Pape

Boniface VI fit transformer le Panthéon en une église

chrétienne, aux alentours de 609, 28 chariots chargés

d’ossements furent transférés des catacombes où ils se

trouvaient et placés dans une fosse se trouvant sous le

maître-autel. » Les fondations de cette église reposent

donc sur des centaines, voire sur des milliers de

squelettes.

Force est donc de constater que la foi et les pratiques

de l’Eglise catholique sont fondées sur un culte des

morts et que la vénération des reliques en question va

encore bien au-delà que dans les cultes païens. En

181

prenant connaissance de tout cela, on ne peut que

s’interroger sur l’origine de ces coutumes dont nous

parlons depuis le début de cet exposé et se demander

à quoi tout cela peut bien servir ?

En leur temps déja, les prophètes de l’Ancienne

Alliance dénonçaient ces pratiques comme païennes.

C’est par exemple le cas de Jérémie qui a dit : « Les

coutumes des païens sont pur néant, leurs idoles ne

sont que du bois coupé dans une forêt, travaillé par le

sculpteur, puis enjolivé d’argent et d’or. Telles un

épouvantail dans une melonnière, elles ne parlent pas ;

il faut les porter, car elles ne marchent pas ! N’en ayez

pas peur, elles ne peuvent faire du mal et du bien pas

davantage. » (Jr 10, 3-5)

Squelette (relique) à I’église San Pedro de Münich

182

Il y a donc bien longtemps déjà que les prophètes

mettent le peuple en garde contre ces traditions qui ne

sont que poudre aux yeux, affirmant tout au contraire

qu’il n’est nul besoin de statues, de reliques ou d’objets

d’or et d’argent, pour manifester sa foi en Dieu, comme

le font les païens. Pour autant, nous venons de le voir,

l’Eglise catholique a choisi de se rallier à ces cultes

païens plutôt qu’aux prophètes.

Lugubres superstitions à notre époque :

chaque évêque porte une relique

autour du cou, chaque autel contient

des restes de relique...

Dogme : « Quiconque refuse d’accepter la

tradition ecclésiastique dans sa totalité… »

a déjà un pied en enfer

Vous pourriez croire que tous ces vieux objets que

l’on trouve encore dans les églises sont tombés en

désuétude et qu’ils appartiennent au passé, et bien,

détrompez-vous !

Prenons l’exemple de la croix que les hommes

d’église portent autour du cou. Cette coutume est très

ancienne, puisqu’elle remonte au 4ème siècle. A cette

époque, il s’agissait d’une amulette munie d’un petit

réceptacle contenant une relique. Depuis le 12ème siècle,

et aujourd’hui encore, chaque évêque a l’obligation de

183

porter sur sa poitrine une croix contenant, elle aussi,

une relique. On le voit, ces rituels et insignes, transmis

de siècle en siècle, appartiennent toujours au patrimoine

cultuel de l’Eglise.

Nos lecteurs savent-ils que chaque autel contient une

relique, condition indispensable pour que celui-ci soit

consacré.

Certains penseront sans doute que les fidèles gardent

la liberté de prendre part au culte des reliques et d’y

croire ou pas ? Qu’ils se détrompent !

Comme il a été indiqué plus haut, l’Eglise a défini la

place des reliques par un dogme auquel il convient de

croire sous peine d’être damné.

Cependant, un autre dogme va encore bien plus loin.

Le voici : « Si quelqu’un rejette toute la tradition ecclésiastique

écrite ou non écrite, qu’il soit anathème...»*

Et cela s’applique tout autant aux personnes qui n’y

croient pas qu’à celles qui ignorent tout de ces traditions.

Toutes sont damnées sans même le savoir et ont déjà

un pied en enfer.

En l’occurrence, c’est certainement le cas de la plupart

des catholiques, car il est presque certain que la

majorité d’entre eux ne sait rien de la multitude de dogmes

et d’écrits qui composent le corpus doctrinal de l’Eglise

* 2ème Concile de Nicée, 8ème session, 23 octobre 787 - Sur les

images, l’humanité du Christ et la tradition de l’Eglise

184

pages 185 et 186 : l’intérieur d’une chapelle catholique

dans les environs de Prague

185

à laquelle ils appartiennent. C’est ainsi que, sans le

savoir, bon nombre de catholiques soutiennent, et

parfois financièrement, une institution qui pourtant les a

voués à la damnation éternelle depuis longtemps déjà.

A ce propos, savons-nous exactement en quoi consiste

la damnation éternelle ? L’idée de damnation

éternelle est souvent perçue comme inacceptable, mais

sait-on vraiment ce que recouvre cette notion. En vérité,

sa dimension et sa portée scandaleuse ne nous appa186

raîtront qu’au moment où nous en saisirons le sens

profond qui est le suivant : souffrir éternellement de douleurs

indicibles dans les feux de l’enfer et ne jamais en

être libéré. C’est cela que l’Eglise promet à ceux qui

refusent de croire à l’un où à l’autre de ses dogmes.

C’est également ce qu’elle réserve aux couples qui

vivent en dehors des liens du mariage. Il y peu de temps

encore, le pape Benoît XVI a rappelé que ces personnes

n’étaient pas en conformité avec l’enseignement de

l’Eglise et que cela constituait un grave péché. Or, selon

le dogme catholique, celui qui meurt dans cet état

pécheur est voué aux feux éternels de l’enfer. L’Eglise

n’hésite pourtant pas une seconde à empocher l’argent

de ceux qui ne croient pas en ses dogmes, bien qu’elle

déclare que... « quelqu’un qui rejette toute la tradition

ecclésiastique écrite ou non écrite, qu’il soit anathème...

» (voir plus haut)

Qui est assis sur le trône de Pierre ?

A cette question Tolstoï répond

Qui peut croire que Dieu ait ordonné une telle chose ?

Quelle personne sensée pourra croire que Jésus, le

Christ, et Dieu, notre Père, aient donné un tel pouvoir à

l’Eglise. Dieu est amour, Il est l’amour. Et l’amour

pardonne quand l’Eglise, elle, condamne ! Et toutes ses

affirmations ne font que renforcer nos doutes. Dans ces

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